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18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 15:41

C’est Mitterrand que j’ai fait élire, pas Attali.
 
Ceux qui, comme moi, ont eu la chance (et l’énergie) d’approcher et de conseiller à la fois patrons et politiques, savent que sur le long terme, le pire ennemi du leader, c’est son entourage. L’usure du pouvoir n’est rien face à la dissémination du pouvoir et la naissance des intérêts multiples autour du dirigeant. Un dirigeant qu’il faut « couver », « préserver », et qui se retrouve – souvent malgré lui, mis à distance, privé de la mainmise sur son propre discours.
Si François Hollande franchissait à nouveau le seuil de mon bureau parisien (et je l'y attends avec plaisir), je l’interpellerais sur le corset que son entourage lui a d’ores et déjà imposé. Ce corset, c’est celui de la crédibilité économique, qui le contraint à assortir chaque propos d’un « disclaimer », à la manière d’une note de bas de page perpétuelle rappelant son sérieux et son obsession du maintien du triple A de la France.


Quelque chose m’a frappé il y a quelques semaines, lorsque la candidature de DSK s’est évanouie : la presse regorgeait de confidentiels racontant le désespoir des technocrates de Bercy, déboussolés d’avoir perdu leur poulain. Ces inspecteurs des finances (au mieux) ou « simples » énarques (au minimum), erraient comme des âmes en peine, faute d’un candidat réformiste crédible, capable d’améliorer le quotidien des très pauvres tout en donnant les gages nécessaires à Moody’s, S&P, et Fitch.

Ces têtes bien faites et bien pleines ont cependant vite retrouvé plus qu’un cheval sur qui miser, un véritable prototype de la gauche crédible, celle des convictions qui peuvent s’assumer dans les dîners en ville. Ces brillantes personnalités seront sensibles à l’avertissement de Christophe Barbier dans « L’Express » paru ce jour : « Si François Hollande ignore la réalité, la réalité écrasera François Hollande ». Sauf que la réalité est la même pour Nicolas Sarkozy et François Hollande : le triple A ne sera bientôt qu’un bon souvenir et mai 2012 sera le monde d’après.


C’est pourquoi François Hollande commet à mon sens une erreur en conditionnant chacune de ses prises de parole à ce triple A, car il se positionne comme un candidat premier Ministre, un candidat de la situation présente. La bonne notation de la France est un horizon déjà dépassé ; celui qui sera élu en 2012 sera le président des transformations répondant à la crise des Etats.

C’est celui-là, le vrai sujet de François Hollande, n’en déplaise à quelques uns de ses conseillers.

 

L'intuition que je partage avec ceux qui franchissent - encore ! - le seuil de mon bureau est que les Français ne voteront pas l'an prochain pour le représentant d'un ‘Parti pour un progrès modéré dans les limites de la loi', du nom de l'excellent roman de Jaroslav Hasek.

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