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28 octobre 2011 5 28 /10 /octobre /2011 07:42

 « J’ai eu des pouvoirs exorbitants ; c’était trop, mais bien agréable », avait avoué François Mitterrand. L’un de ceux-là, c’est le pouvoir de nomination du président de la République. Ce pouvoir est celui par lequel l’exécutif tient en respect ses amis mais aussi ses ennemis, présents et futurs. J’ai pu moi-même, parfois, mesurer mon influence à l’aune du poids de mes conseils dans les nominations et les révocations effectuées par François Mitterrand. Chacun à sa place, bien entendu – il ne pouvait s’agir que d’aider le Président à la prise de décision, en l’éclairant sur les enjeux de telle ou telle nomination.

 

Un ami (UMP) m’avait confié il y a deux ans que la conjonction quinquennat + interdiction d’un troisième mandat transformait désormais tout second mandat présidentiel en aberration politique. D’après lui, un Président qui n’a plus la faculté, brandie comme une menace, de se représenter encore et encore, perd l’essentiel de son pouvoir et libère les forces centrifuges. Le seul pouvoir restant – le pouvoir de nomination, est alors concentré sur le début de mandat, avant que les impétrants de tout poil n’aillent courtiser la nouvelle génération.

 

Après les caricatures du Hollande « mou », s’est ouverte une séquence peut-être plus critique pour Hollande, car plus précise, offrant les preuves successives de sa difficulté à incarner l’autorité. En toute logique, François Hollande devrait, en tant que challenger de l’élection à venir, bénéficier de l’autorité de celui qui pourra faire et défaire les carrières, demain.

Et pourtant, propos étonnants que ceux tenus dans Libération hier par un proche d’un collaborateur du président, au sujet de la nomination éventuelle de ce même collaborateur à la tête d’une institution : «Même si Hollande l'emporte, il respectera cette nomination si Sarko lui demande». Je suis surpris de n’avoir pas encore lu de démenti du clan Hollande, face à cette tentative de piétiner se qui sera l’une de ses prérogatives les plus essentielles, et un élément fondamental de son autorité.

 

Toujours dans la même séquence s’ajoute l’intervention outrée de Gilles Furigo, chef du Service de protection des hautes personnalités (SPHP) hier soir sur France Info, après le refus poli du candidat du PS de la protection offerte par le Ministère de l’Intérieur. On en est là : c’est le clan Hollande qui a dû calmer le jeu face à des personnes en charge du service de l’Etat, alors même que la position de l’entourage du candidat PS était parfaitement légitime.

Et je referme à l’instant le « Monde » de ce soir, dans lequel je trouve cette citation d’un « proche » : « Quand François était premier secrétaire, il gérait le parti sans autorité. Or il l’est resté. Il n’est pas encore dans le costard. Il est attendu sur son autorité ».

 

Il y a en effet urgence pour François Hollande à ne plus être le sympathique camarade avec qui l’on se prend en photo. Il est temps pour lui d’être craint, notamment par tous ceux dont le destin nécessitera, un jour, sa signature au bas d’un parapheur.

Cela l’oblige à envoyer rapidement à l’opinion des signes d’autorité : décisions audacieuses pour composer son équipe de campagne (en évitant les binômes à toutes les fonctions pour arranger les courants infra-hollandais), images d’autorité lors de ses déplacements ou lors d’une interpellation publique du président et du gouvernement, etc.

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commentaires

M
<br /> Je me demande si ce serait une bonne chose. Hollande veut "contredire" le modèle du sarkozysme, le petit chef autoritaire et valoriser la notion de travail en commun. Il a une image de trop sympa<br /> mais en même temps, il met en avant sa capacité d'écoute.<br /> :-)<br /> <br /> <br />
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